Prix du carburant : l’opération com du gouvernement
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Les annonces, ce jeudi, des ministres de l’Économie et de la Transition écologique pour diminuer les prix des carburants devraient avoir peu d’effet.
À une semaine de la manifestation des gilets jaunes contre les prix du carburant, le gouvernement tente de déminer ce dossier potentiellement explosif. Ce jeudi après-midi, les ministres de l’Économie et de la Transition écologique, Bruno Le Maire et François de Rugy, ont annoncé que les compagnies pétrolières, comme Total, BP ou Shell, s’étaient engagées à « réduire leurs marges au maximum pour que les prix à la pompe soient les plus bas possible pour les consommateurs ».
Quant aux distributeurs, les deux ministres ont assuré qu’ils allaient « répercuter la baisse des prix du pétrole au jour le jour sur les prix à la pompe ». « On a constaté que sur les vingt-quatre derniers mois, les marges brutes des compagnies pétrolières étaient plus élevées que d’habitude », dit-on dans l’entourage du ministre de l’Économie.
De quoi redonner le sourire aux automobilistes ? Pas sûr. « Le gouvernement nous demande de baisser de trois centimes d’euros nos prix à la pompe, observe, un brin sarcastique, le représentant d’une compagnie pétrolière. Sauf que cela correspond exactement à la dernière baisse des prix du pétrole. »
«On joue avec les mots et le contexte»
Mais ce n’est pas tout. Côtés distributeurs, le discours n’est pas aussi affirmatif que ce que le gouvernement veut bien dire. « La marge nette finale des stations-service, c’est moins d’un centime d’euro par litre, estime Francis Duseux, le président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), à la sortie de la réunion à Bercy. Ça sera difficile de faire plus. »
On joue avec les mots et le contexte. Mais au final, l’automobiliste et le consommateur n’y gagneront pas grand-chose. »
La baisse n’est pas pour tout de suite
De fait, ce qui ressemble fort à un tour de passe-passe gouvernemental n’est pas vraiment nouveau… La même méthode avait déjà été utilisée en août 2012, sous la présidence de François Hollande, en pleine flambée du prix du diesel qui avait atteint 1,4592 €/l. À l’époque, reçues à Bercy, dix-sept associations de consommateurs avaient qualifié des annonces similaires de « barnum médiatique ».
Autant que les automobilistes soient prévenus : la baisse des prix du carburant, ça ne sera pas pour tout de suite.
Les taxes. Au 1er janvier 2019, elles, vont augmenter de 6,5 centimes d’euros sur le litre de diesel et de 2,9 centimes d’euros sur celui de l’essence. Soit une facture de 1,9 milliard d’euros supplémentaire pour les ménages… rien qu’en taxes.