Un catalyseur qui transformera le CO2 en carburant
Au-delà de la réduction des émissions, la lutte contre le changement climatique passe par la capture et le stockage du CO 2 déjà présent dans l’atmosphère. À long terme, le nouveau système imaginé par des chercheurs de l’Ircelyon et d’autres laboratoires, pourrait être disponible sous forme de films ou de panneaux capables de capter le CO 2 et d’alimenter des piles à combustible.
Par Jacques HennoPublié le 2 mars 2020 à 07:30
Selon les scientifiques du GIEC, le dioxyde de carbone (CO2) est, avec le protoxyde d’azote et le méthane, l’un des principaux gaz responsables de l’effet de serre additionnel. La lutte contre le changement climatique ne passe pas seulement par la réduction des émissions de CO2, mais aussi par la capture et le stockage du gaz déjà présent dans l’atmosphère.
« Pour s’en débarrasser, on peut aussi tenter de le transformer en un produit à valeur ajoutée pour la société », explique Jérôme Canivet, spécialiste de la catalyse pour la chimie fine ou l’énergie, à l’Ircelyon, l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon, mixte entre le CNRS et l’université. La catalyse ? C’est l’action par laquelle une substance – le catalyseur – modifie la vitesse d’une réaction chimique.
Justement, Jérôme Canivet et son collègue, Florian Michael Wisser, ainsi que des chercheurs du Laboratoire de chimie des processus biologiques (LCPB), du Laboratoire de spectrochimie infrarouge et Raman (LASIR) et de l’université d’Aix-la-Chapelle, viennent de publier dans la revue Angewandte Chemie International Edition, les résultats de leurs travaux. Ils ont mis au point des catalyseurs solides et poreux, capables de transformer, grâce à la lumière du soleil, le CO2 en acide formique, utilisable comme carburant pour les piles à combustible.
En méthanol comme combustible
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« C’est le résultat de trois années de recherche en équipe, se réjouit Jérôme Canivet. Il y a cinq ans, nous avions déjà mis au point avec le LCPB un système pour transformer le CO2, mais il était imparfait : il utilisait deux composantes qui se désactivaient au bout de quelques heures. » Le nouveau système, en théorie, pourrait fonctionner en continu. « Comme nous sommes dans un procédé à base de solides, nous pouvons imaginer, à long terme, de réaliser des dispositifs manipulables, comme des films ou des panneaux qui permettraient de capturer le CO2 et de le transformer en acide formique », espère Jérôme Canivet. De même, les recherches se poursuivent pour améliorer le système, qui a besoin d’une source d’électrons extérieure, et pour transformer le CO2 non plus en acide formique mais en méthanol, utilisable par l’industrie chimique ou comme combustible.
LE PROJET
IRCELYON
Jacques Henno (@jhennoparis)