L’Omerta des Violences Conjuguales dans les Forces de L’Ordre !

Violences conjugales par des policiers et gendarmes : « Ce ne sont pas des cas isolés »

Par Morgane Giuliani Mis à jour le 24/01/2020 à 18:48

silence on cogne sophie boutboul

Partager Dans « Silence, on cogne », la journaliste Sophie Boutboul livre une enquête sidérante et essentielle sur ces femmes qui sont victimes de violences conjugales de la part de gendarmes et policiers, et de l’omerta qui règne à ce sujet. L’une d’elles, Alizé Bernard, étaye également son combat. Interview.

C’est une lecture difficile, mais révélatrice, et indispensable. Silence, on cogne (Grasset, 22 euros, 384 p.) est le titre du livre co-écrit par la journaliste Sophie Boutboul (à droite sur la photo d’illustration) et Alizé Bernard (à gauche sur la même photo), attachée commerciale, qui alterne entre l’enquête de la première et le récit personnel, intime, de la seconde sur les violences conjugales perpétrées par des policiers et gendarmes.

Des policiers ou gendarmes auteurs de violences conjugales

Alizé Bernard est une survivante, qui se bat pour être entendue, et que justice soit faite. Elle a été victime, pendant des années, de violences conjugales de la part de son ex-compagnon et père de son fils, qui travaille dans la gendarmerie. Il est allé jusqu’à l’étrangler. Il a usé de son réseau professionnel et de son statut pour lui faire du chantage, et freiner ses poursuites judiciaires.

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Silence, on cogne est un livre sidérant, où de nombreuses victimes témoignent de l’engrenage cauchemardesque dans lequel elles se sont retrouvées, avec un système judiciaire et administratif très frileux à l’idée de sanctionner réellement les gendarmes et policiers auteurs de violences conjugales. Les coups et injures de la part d’une personne formée à l’usage de la force, et parfois armée, font que leurs victimes sont particulièrement isolées et en danger. D’autant que ces méfaits s’accompagnent toujours de cette menace : « Personne ne te croira, je suis la loi. »

Omerta

Mais force est de constater, à la lecture du livre, que la plupart de ces situations se soldent en effet par des sanctions minimes voire, un non-lieu, tandis que la mutation dans un autre département est très fréquente, ainsi que la retraite anticipée pour ceux qui sont en fin de carrière. Bref, ces hommes – car ce sont des hommes pour la grosse majorité – restent la plupart du temps en poste.La vidéo du jour :

Quand les victimes ne sont malheureusement plus là pour en parler, ce sont leurs proches qui prennent le relais sous la plume précise et pleine d’empathie de Sophie Boutboul, qui a rencontré bien plus de difficultés à faire réagir les plus hautes autorités sur ce sujet pourtant primordial. 

Des membres de forces de l’ordre témoignent également de leur inquiétude face à cette omerta, tandis que des membres d’associations de protection des femmes lancent l’alerte. Il est temps d’arrêter de voir ces agresseurs et tueurs comme des « brebis galeuses », de les protéger et sauvegarder leur place au sein des forces de l’ordre. Les cas sont trop nombreux et similaires pour ne pas y voir une violence systémique, et une omerta paralysante et injuste pour les victimes. C’est en tout cas ce que soutient Sophie Boutboul, et tous ceux qui ont bien voulu témoigner auprès d’elle. Interview.

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Marie Claire : Comment ces policiers et gendarmes auteurs de violences conjugales jouent sur leur travail pour avoir l’avantage sur leur victime ?

Sophie Boutboul : Il y a un élément qui revient souvent, ce sont les tactiques professionnelles de contrôle apprises et utilisées dans leur métier, que ces policiers et gendarmes auteurs de violences conjugales appliquent ensuite dans leur couple. Comme une technique d’interrogatoire, ou bien le fait de menacer sa victime de commettre le crime parfait car il dit connaître des indic’, des médecins légistes, qu’il peut rechercher des informations dans des bases de données de la police ou de la gendarmerie, etc.

Le fait qu’ils ont connaissance des procédures et qu’ils sont formés à l’usage de la force, qu’ils sont armés, joue dans la peur et l’isolement ressentis par les victimes. Même si, de toute façon, sortir des violences conjugales, de l’emprise, amène à un isolement et une peur pour toutes les victimes. Mais là, à cause de cette connaissance des procédures et ces techniques qui peuvent être utilisées contre l’autre, il y a un isolement supplémentaire ressenti.

Certains des cas les plus inextricables étant ceux où l’auteur occupe un poste de référent sur des questions de violences conjugales, ou en tout cas, est amené à intervenir sur des faits de violences conjugales. 

Quand les auteurs de violences conjugales interviennent eux-mêmes sur des sujets de violences conjugales dans leur métier, ils disent à leur victime : « Toi, tu n’es pas une victime, je sais ce que c’est, une victime de violences conjugales. »

Forcément, cela crée un sentiment de culpabilité chez les victimes, qui ont l’impression de pas être vraiment des victimes…

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