Une taxe poids lourds pour remplacer l’écotaxe ?

Une taxe poids lourds pour remplacer l’écotaxe ?


Transports

Les transporteurs routiers français refusent de payer une nouvelle taxe./ Photo DDM, Nathalie Saint Affre
Les transporteurs routiers français refusent de payer une nouvelle taxe./ Photo DDM, Nathalie Saint Affre

La ministre des Transports s’est dite favorable à une contribution des transporteurs routiers pour financer les infrastructures routières, faisant ressurgir le spectre de l’écotaxe.


Le retour d’une taxe pour les poids lourds était évoqué depuis l’été 2017 par le gouvernement. Elle devrait être présentée au Parlement «dans les prochaines semaines» a annoncé hier Elisabeth Borne, la ministre des Transports.

Elle a estimé qu’il serait «justifié que les poids lourds participent davantage» à l’entretien des infrastructures de transport et à la réalisation de nouveaux projets.

Selon Elisabeth Borne, la «contribution» demandée aux transporteurs routiers pourrait rapporter «quelques centaines de millions d’euros». Sa mise en place est prévue pour 2019.

Éviter la fronde de l’écotaxe


Mais les modalités de cette redevance sont encore floues. «Il faut un certain temps», avoue la ministre des Transports qui se dit prête à débattre avec les transporteurs. Mais selon la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), «cela fait des années qu’on discute avec le gouvernement. On veut bien tout entendre, mais en retour nous ne sommes pas entendus. On a fait 37 propositions au gouvernement, en incluant le financement des infrastructures, qui sont restées lettre morte.»

La nouvelle contribution ne devrait pas ressembler à l’écotaxe définitivement abandonnée par Ségolène Royal en 2013, suite à la fronde des «bonnets rouges» bretons. Depuis, les quelques portiques encore en place sont les stigmates d’un fiasco politique et économique que ne veut pas reproduire le gouvernement.


«Et en même temps, je crois aussi que tout le monde peut s’étonner de voir (…) des files de poids lourds qui traversent le pays, qui du coup génère un besoin d’infrastructures, posent aussi des problèmes de sécurité routière et qui, aujourd’hui, parce qu’ils font le plein chez nos voisins, ne participent pas du tout au financement des infrastructures», avait déjà déclaré Elisabeth Borne en septembre dernier, au sujet d’une possible mise en place d’une taxe sur les poids lourds.

Mais du côté des transporteurs routiers, on ne l’entend pas de cette oreille. Pour Jérôme Bessière, délégué Midi-Pyrénées de la FNTR, «la justification de la ministre concerne les transporteurs étrangers. Les transporteurs français, eux, payent déjà ce qu’il reste de l’écotaxe, à raison d’une augmentation de 4 centimes d’euros par litre de gazole. Or, on veut nous faire payer aussi cette nouvelle taxe.»

Les routiers prêts à monter au front

Jérôme Bessière estime que le problème vient du manque de transparence sur l’utilisation de l’argent que génèrent les déplacements routiers. «39 milliards d’euros sont générés par la route tous les ans et on en retrouve 19 milliards pour la gestion des infrastructures. Nous avons demandé un audit pour savoir où allaient les 20 milliards restant, mais il nous a été refusé. Visiblement, selon la Cour des comptes, une grande partie de cet argent sert à régler des factures sociales.»

Si une nouvelle redevance devait voir le jour, Jérôme Bessière n’exclut pas un mouvement massif des transporteurs français.

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