QUAND RECHARGER SA VOITURE ÉLECTRIQUE COÛTE PLUS CHER QU’UN PLEIN D’ESSENCE
Julien BonnetLe 21/01/2020 à 15:41
Le réseau de recharge rapide Ionity vient d’annoncer une forte hausse de ses tarifs. Le coût d’utilisation pour 100km en Renault Zoé se retrouve ainsi plus de 50% supérieur à celui d’une Clio. Mais les utilisateurs réguliers ou des marques partenaires du réseau (BMW, Daimler Ford, Hyundai-Kia, Volkswagen, Porsche) devraient bénéficier d’un tarif préférentiel.
C’est un des points forts souvent mis en avant pour promouvoir les véhicules électriques: un coût d’utilisation inférieur à celui d’une voiture thermique. Un avantage qui se joue notamment au niveau de l’entretien, bien moins onéreux, mais aussi pour le coût du « carburant », avec une électricité plus abordable que le gazole ou l’essence.
Du forfait à la tarification au kWh
Mais le changement de tarification que vient d’annoncer l’opérateur Ionity change un peu la donne. Son réseau actuel de bornes de recharge rapide est composé de 40 stations sur des aires d’autoroute en France et un peu plus de 200 au total en Europe.
Jusqu’ici, Ionity facturait un forfait: quelle que soit la quantité d’électricité utilisée, le client devait débourser 8 euros. Une formule simple mais pas forcément très logique à comprendre pour le consommateur.
A partir du 31 janvier prochain, Ionity a donc annoncé qu’il passerait à une tarification au kilowattheure (kWh), au prix de 0,79 euros par kWh. Un tarif qui peut sembler prohibitif, surtout si on compare aux coûts des superchargeurs de Tesla, à 0,24 euro/kWh (exception bien sûr de ceux qui profitent du coût de la recharge « gratuit à vie » associés à une partie des véhicules Tesla).
L’essence bien plus abordable
Petite comparaison intéressante réalisée par nos confrères de 01Net: si on prend la dernière Renault Zoé, avec une consommation estimée à 20kWh/100 km, on arrive à un coût de 15,80 euros pour parcourir 100 km, soit bien plus qu’une Clio, avec moins de 10 euros pour réaliser la même distance (consommation de 6 litres aux 100 et essence à un peu plus de 1,50 euro/litre).
Des grands groupes carburent à l’eau
Même avec un prix de l’essence plus élevé sur les stations d’autoroutes, plutôt autour de 1,65 euro/litre, on arrive à un coût aux 100 km qui reste sous les 10 euros pour notre Clio essence.
Le changement de tarification pratiqué par Ionity inquiète en tout cas certains utilisateurs. Si on prend un cas extrême, le plein d’une Tesla Model S avec une batterie de 100 kWh qui arriverait quasi-déchargée devant une borne, on passe en effet du forfait de 8 euros… à 79 euros, soit un coût quasiment multiplié par 10 avec le changement tarifaire.
En comparaison avec une recharge à domicile, 2 à 3 centimes le kWh, le tarif de 79 centimes pratiqué par Ionity (qui propose certes de la recharge ultra rapide jusqu’à 350kW) peut également interpeler.
Un tarif préférentiel pour certaines marques
Ionity précise que la construction de son réseau, 400 bornes prévues à fin 2020 en Europe, nécessite de lourds investissements. L’idée reste de proposer un service « premium », notamment avec une puissance de charge garantie d’au moins 200kW service d’assistance fonctionnant 24 heures sur 24, essentiel pour répondre aux éventuels problèmes techniques rencontrés par les utilisateurs. L’électricité fournie est en outre d’origine 100% renouvelable, une promesse qu’avait formulée l’opérateur au dernier salon de Francfort en septembre dernier.
Avec un tel tarif, Ionity chercherait à inciter à souscrire à un abonnement permettant d’accéder à un tarif préférentiel, ce qui pourrait séduire un public amené à rouler régulièrement en électrique sur autoroute.
Comme l’explique le magazine Emobly, les marques qui forment le consortium Ionity profiteraient aussi d’un tarif préférentiel. Les clients BMW pourrait ainsi se charger à 0,30 euro/kWh, ceux d’Audi et Porsche à 0,33 euro/kWh (mais avec un abonnement à 17 euros par mois), quand ceux de Volkswagen resteraient sur un forfait, à 8,40 euro la recharge.
Problème pour les clients de Renault, Peugeot et des autres marques qui proposent désormais une offre de véhicules électriques, ils risquent donc de payer le prix fort lors des pleins réalisés sur autoroute.
« Visiblement, Ionity tente de profiter de sa position dominante sur les grands axes de circulation européens pour limiter l’accès au réseau aux clients des marques qui ont participé financièrement à sa mise en place », estime l’Avem (Association pour l’Avenir du Véhicule Electro-Mobile) qui estime que cette hausse de tarifs représente « un mauvais coup porté à l’essor de la mobilité électrique ».Julien Bonnet