Hydrogène : 830 millions de tonnes de CO2 rejetées chaque année
Dans Ecologie / Electrique / Autres énergies
Audric Doche Le 23 Août 2019 à 11h17 183
Le doux rêve d’un hydrogène totalement pur, de la production à la consommation, est bien lointain. Actuellement, la production mondiale d’hydrogène rejette quelque 830 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Soit l’équivalent des rejets de CO2 cumulés du Royaume-Uni et de l’Indonésie.
Aujourd’hui, la quasi totalité (96 %) de l’hydrogèneproduit dans le monde l’est par vaporeformage. Une technique polluante puisqu’elle repose sur l’utilisation de produits pétroliers extraits du sol, qui dégagent des gaz nocifs et du CO2 en grande quantité dans l’atmosphère lors de l’opération de reformage pour l’obtention de l’hydrogène. Problème : les rejets de CO2 sont énormes, et estimés à 830 millions de tonnes par an, soit l’équivalent des rejets de CO2 du Royaume-Uni et de l’Indonésie, cumulés.
Les techniques de production propre existent, comme l’électrolyse de l’eau, mais ils sont trop peu rentables. C’est ce simple fait économique qui explique pourquoi l’hydrogène est produit presque uniquement à partir de produits pétroliers.
Des ingénieurs canadiens auraient toutefois trouvé une solution intermédiaire : récupérer de l’hydrogène depuis les réserves de sables bitumineux, sans extraire le pétrole. Le principe : injecter de l’oxygène à très haute température dans les sols pour « craquer » les molécules en souterrain (et éviter ainsi l’extraction des produits pétrolier, ainsi que le CO2 qui va avec) : « cette technique existe déjà depuis un certain temps, c’est le principe de la gazéification souterraine : on envoie de l’oxygène sur du pétrole ou du charbon, ça produit un mélange de gaz, souvent de type syngaz à base de monoxyde de carbone, de CO2 et de l’hydrogène, et après on filtre l’hydrogène pour pouvoir le réutiliser ailleurs », précise un directeur de recherche du CNRS.
L’avantage de cette méthode est double : le coût, d’abord, avec un kilogramme d’hydrogène revenant à des tarifs allant de 15 à 50 centimes de dollars, contre 2 dollars le kilogramme pour l’hydrogène produit de façon classique. Cette technique est toutefois critiquée pour sa complexité et le trop grand « optimisme » sur les coûts de revient. Le second avantage ? Grâce à cette méthode de production, la société canadienne Proton pourrait utiliser des champs de sables bitumineux qui ne sont plus exploités, car « vidés ». La production d’hydrogène serait estimée suffisante pour alimenter le Canada en électricité… pendant 330 ans.
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