Confinement : verbalisé pour être allé faire le plein de son camping-car dans lequel il vit
Mardi 14 avril 2020 à 15:46 – Par Elisabeth Badinier, France Bleu Hérault, France BleuHérault, France
Un homme contraint de vivre dans son camping-car dans l’Hérault a été verbalisé dans le cadre du confinement, incapable de se faire entendre sur sa situation particulière auprès des forces de l’ordre.
Les forces de l’ordre font-elles du zèle sur la verbalisation dans le cadre du confinement ? Si la plupart des gendarmes et policiers font preuve de discernement, certains ont parfois du mal à prendre en compte les situations particulières si l’on en croit le récit de Joël Maillet.
La semaine dernière, cet homme de 64 ans a été verbalisé pour être allé faire le plein d’essence avec son camping-car dans l’Hérault. Les gendarmes ont pensé qu’il s’agissait d’un touriste, mais Joël Maillet, n’était pas sur les routes des vacances.
Joël Maillet vit dans son camping-car depuis un mois. Quelques jours avant le confinement, il a été contraint d’abandonner sa maison dans les Alpes-de-Haute-Provence faute de moyens financiers.
« Mon camping-car, c’est ma maison, mais je suis obligé de me déplacer un minimum ».
« Beaucoup de gens ont du mal à comprendre ma situation. J’ai rendu ma dernière habitation à Villeneuve dans les Alpes-de-Haute-Provence au mois de mars. Aujourd’hui ma maison et ma voiture, c’est mon camping-car. Mais je suis obligé de me déplacer un minimum, car mon camping-car est autonome en électricité mais pas en eau, je n’ai qu’une réserve de 110 litres. J’ai aussi une cassette de WC à vider. »
Et s’il est aujourd’hui dans l’Hérault, c’est qu’il y est suivi médicalement à la clinique du Millénaire notamment pour des graves problèmes cardiaques. « Dernièrement, au matin, j’ai bougé pour aller mettre de l’essence, il faut bien que je fasse tourner le moteur. J’ai expliqué ma situation, j’avais ma dérogation. J’ai une carte de handicapé et un certificat médical avec toutes mes maladies, l’amiante, une leucémie ou opération du cœur. «
Il m’a dit « j’en ai rien à faire de votre certificat médical ».
Mais les gendarmes n’ont manifestement pas compris cette situation particulière. « Il m’a coupé la parole et s’est mis en colère énormément sur moi. Il m’a dit ‘Moi, monsieur, je me lève à 6 heures du matin, je suis là pour faire respecter la loi. Moi, j’en ai rien à faire de vos maladies, j’en ai rien à faire de votre certificat médical’ et il m’a verbalisé.
Donc, j’ai laissé tomber. Vous comprenez bien que je n’ai pas la force et le physique pour m’emballer. Je ne sais plus quoi faire. Là, c’est 135 euros, demain ce sera peut-être 200. Peut-être après de l’emprisonnement. Je n’ai pas la santé pour être emprisonné. »