La SNCF coûte moins cher que les accidents de la route
14 milliards par an. 200€ par personne. Le rapport Spinetta, publié le 15 février, a frappé un grand coup : la SNCF coûte cher.Jean-Cyril Spinetta, 74 ans, ancien PDG d’Air France, était chargé de rédiger un document destiné à éclairer les choix du gouvernement Philippeau sujet de l’avenir de la SNCF.
Le coût de cette entreprise publique, calculé en additionnant les subventions versées par les pouvoirs publics au système ferroviaire et aux retraites des cheminots, a frappé les esprits, et a même fait l’objet d’exagérations, comme celle du ministre Gérald Darmanin. Et c’était l’objectif. Cela confirme, au-delà de la fuite en avant qui a consisté pendant des années à promettre des trains à grande vitesse partout, que la vénérable société nationale a besoin d’être réformée.
Pour compléter: On veut des prises dans les trains, pas des LGV ! (mars 2013)
Le coût de la route. Mais si le rail coûte cher au contribuable, combien lui coûte la route ? Cette comparaison s’impose, non pour le plaisir de savoir qui a la plus grosse dette, mais parce que les moyens de transport sont concurrents.
Concurrence rail vs. route. Imaginons que l’on maintienne des voies ferrées en bon état et que l’on y fasse circuler des trains confortables et à l’heure : les voyageurs seraient enclins à les emprunter. En revanche, si les voies se dégradent, que les temps de parcours s’allongent, que les parvis des gares ne sont pas accueillants, les seuls voyageurs qui continueront à monter dans un train seront les publics captifs, les sans-voiture, les collégiens, des étudiants, les plus pauvres. Surtout si, parallèlement, on continue de construire et d’entretenir un réseau routier performant, doté de multiples autoroutes, rocades, échangeurs et parkings.
Lire à ce sujet: Ces trains qui roulent moins vite qu’en 1973 (novembre 2017)
Combien coûte la route au contribuable, donc ? Selon Routes de France, l’organisation professionnelle des constructeurs de routes, anciennement appelée Union des syndicats de l’industrie routière française, « les dépenses des administrations pour la route » atteignent un montant comparable au coût de la SNCF, 15,2 milliards d’euros par an, dont 12,9 milliards pour les collectivités locales.
Aménagement routier. Mais à cette somme doivent s’ajouter de nombreuses autres dépenses, financées par les impôts. On mentionnera les achats de terrains, les expropriations, les démolitions préalables à la construction de routes. En outre, le système routier ne fonctionne pas seul. Il est pertinent parce qu’il s’appuie sur une signalisation, une organisation de l’espace, un aménagement du territoire que mettent en place, partout, les acteurs publics comme privés.
Ce n’est pas fini. Il faut ajouter les externalités, les conséquences en tous genres de cette politique très routière. Elles sont nombreuses et il n’est pas facile de les calculer. On peut mentionner le coût des accidents de la route (hôpitaux, réparations, effets psychologiques, pertes de production, etc.), celui de toutes les actions visant à prévenir ces accidents (radars, forces de l’ordre, etc.) ou celui de la congestion automobile (temps perdu, stress). Bien entendu, il faut inclure les conséquences du bruit et de la pollution atmosphérique, qui grèvent notamment les budgets de la santé, mais se traduisent aussi en pertes de biodiversité.
374 milliards en Europe.