Un rapport accablant dénonce l’état des routes de France
Nous avons pu consulter un audit externe, réalisé à la demande du ministère des Transports, qui stigmatise la dégradation du réseau routier géré par l’Etat. Pour régler le problème, il va falloir mettre la main à la poche.
Dans un tweet du 10 juillet, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, publie des photos du chantier du viaduc de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), sur l’A15. Le pont s’était affaissé le 15 mai, causant la fermeture de l’autoroute, qui n’est encore que partiellement rouverte. « Ces dégâts sur l’A15 sont emblématiques de la situation dont souffre notre réseau routier du quotidien, qu’on a laissé depuis des décennies se dégrader faute d’entretien suffisant », écrit la ministre. Elle s’appuie alors sur l’audit commandé par la Direction des infrastructures de transport du ministère à NiBuxs et IMDM, des bureaux d’études suisses.
Je me suis rendue sur l’#A15 au pont de Gennevilliers pour faire le point sur la situation avec les élus et les services de l’Etat. Tout est mobilisé pour assurer les réparations dans les meilleurs délais et réduire les conséquences pour les usagers du Val d’Oise.
Consacré à « l’état du réseau routier national non concédé » – les 12.000 km d’autoroutes et de routes nationales gérées par l’État où circule 18,5 % du trafic français – il se penche aussi sur « la politique d’entretien de ce réseau ». Les conclusions de cette étude conduite entre octobre 2017 et février 2018, discrètement mise en ligne sur le site du ministère il y a quelques jours, sont accablantes. En effet, 17% du réseau présente aujourd’hui un état de dégradation plus ou moins important, et 7% des autres infrastructures (ponts, tunnels) nécessitent des travaux de rénovation, venant conforter une préoccupation ancienne. En 2015, l’association 40 millions d’automobilistes lançait l’opération participative « J’ai mal à ma route », invitant les usagers à signaler les voiries les plus dangereuses sur Internet. Il existe désormais une application pour smartphone.
Il faudrait un milliard d’euros par an
Selon Pierre Chasseray, délégué général de l’association, « 47% des accidents de la route mettent en cause la qualité ou l’entretien des infrastructures routières ». Pierre Fayolle a récemment alerté l’association. Tous les jours, il emprunte « la route du pavé de Meudon, entre Chaville et la N118, qui passe dans la forêt, extrêmement fréquentée », et de profonds nids-de-poule l’obligent à « zigzaguer » sur cette route à double sens. Il y a quelques semaines, il a eu un accident, une voiture a heurté son scooter. Depuis peu, les trous « ont été un peu colmatés avec du goudron, peint en rose, fluo la nuit ». « Le nid-de-poule est l’étape presque ultime de dégradation, commente Pierre de Thé, porte-parole de la Fédération des routes de France. C’est comme si vous attendiez la carie pour vous brosser les dents. » Parmi les nombreux signalements, la route de la Ferme à Paris, dans le bois de Vincennes, mise hors service tant elle était dangereuse. A travers la France, les exemples sont légion : le tunnel de la citadelle, à Besançon, sera fermé jusqu’au 20 août : son plafond s’effondrait ; la route départementale 1212 des gorges de l’Arly (Savoie) a dû subir des travaux d’urgence en raison des fortes intempéries de cet hiver.
Aucun scénario ne permet le maintien de l’état actuel du parc d’ici vingt ans