L’oxygène disparaît des océans, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme
La production agricole (phosphates et nitrates issus des engrais) et le rejet des eaux usées contribuent largement à la désoxygénation de l’océan le long des côtes. Le milieu reçoit trop de nutriments, trop rapidement, avec pour conséquence une multiplication des algues et des bactéries. Ces dernières se nourrissent de cet excès de nutriment et consomment progressivement tout l’oxygène des eaux profondes.
Le changement climatique est quant-à-lui le principal responsable de ce phénomène en haute mer. Le réchauffement des eaux de surface empêche l’oxygène d’atteindre les profondeurs de l’océan. De plus, lorsque l’océan se réchauffe, il retient moins d’oxygène alors que la faune vivant dans les eaux plus chaudes a un besoin en oxygène plus important.
Le Global ocean oxygen network, un groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, représentant 21 institutions dans 11 pays, a analysé les recherches menées sur la perte d’oxygène en milieux marins dans une étude publiée en février par la revue Nature. Elle confirme des résultats déjà parus en 2017 : les océans s’asphyxient. Plus grave : cette tendance devrait se poursuivre selon les scientifiques, et cela au fur et à mesure que la Terre se réchauffera.
Les océans manquent d’oxygène sur une étendue désormais aussi vaste que le territoire de l’Union européenne, soit plus de 4,5 millions de kilomètres carrés. Chaque année, ils perdent un milliard de tonnes d’oxygène; la perte a atteint plus de 2% depuis 1960.
En effet, le phénomène s’est surtout développé depuis le milieu de 20e siècle et il progresse d’environ un mètre par an dans le Pacifique et la Baltique. Mais pas seulement. L’océan Atlantique est lui aussi malade : une zone pauvre en oxygène en bordure du continent africain est aussi étendue que le territoire des Etats-Unis. Les régions côtières en général sont les plus touchées. Les sites à faible teneur en oxygène, aussi appelées les » zones mortes » ou presque aucune vie n’est aujourd’hui possible, y ont été multipliés par dix depuis les années 50. Plus de 500 zones présentent aujourd’hui une concentration d’oxygène inférieur à 2 mg/litre, le seuil souvent utilisé pour délimiter l’hypoxie. Avant 1950, moins de 10 % de ces sites souffraient d’hypoxie.
« Dans les « zones mortes » traditionnelles, comme celles de la baie de Chesapeake (Etats-Unis) et de la mer Baltique, la teneur en oxygène atteint des niveaux si bas que beaucoup d’animaux meurent asphyxiés » explique la rapport.
Les animaux marins menacés
Quelles sont les conséquences de cette situation ? Selon Nature, un bas niveau d’oxygène a des conséquences sur la reproduction, l’espérance de vie et le comportement de la vie marine. Des bas niveaux d’oxygène peuvent même altérer l’expression génétique des animaux et affecter les générations futures.