un moteur solaire inusable
- FIGARO DEMAIN – Très fiable sur la durée et ne nécessitant aucun entretien, cet engin devrait intéresser les pays émergents, pour l’irrigation notamment.
Combien d’installations sont à l’abandon en Afrique dès la première panne survenue, faute de maintenance et de pièces de rechange sur place? Avec Saurea, un moteur solaire transformant directement l’énergie photovoltaïque en force motrice fiable, autonome et durable sans entretien, ce gâchis pourrait être évité. Telle est du moins sa promesse.
Son inventeur, Alain Coty, 76 ans, ingénieur électrotechnicien, qui a fait sa carrière dans l’aéronautique et le spatial, rêvait de concevoir un moteur pouvant se passer d’alimentation. Sa retraite lui en a donné le loisir. Il met au point un petit moteur qui convertit l’énergie solaire en énergie mécanique. L’originalité de son invention, protégée par cinq brevets, est de raccorder le moteur à un panneau solaire extérieur éclairé en permanence, qui fournit du courant électrique distribué aux bobines. De quoi permettre de se passer de toutes les pièces susceptibles de s’user. De ce fait, la durée de vie du moteur correspond à celle des panneaux solaires, soit 25 ou 30 ans.
L’inventeur est désormais épaulé par Nadège Payet-Tisset, devenue PDG de Saurea, et Grégory Deren, directeur général adjoint chargé de la production, et conseillé sur le plan scientifique par deux chercheurs du laboratoire CNRS/Satie. Après six prototypes, la start-up commence à produire en présérie une centaine d’exemplaires. L’idée est d’installer des stations pilotes dans des zones ensoleillées et isolées (Afrique, Australie, Amérique latine, Asie…), en manque de main-d’œuvre qualifiée, afin de convaincre les utilisateurs.
Un projet pilote au Mali
Un premier projet pilote d’un an va bientôt démarrer au Mali pour fournir à un groupement de femmes un moteur destiné à pomper l’eau à des fins d’irrigation: 14 m3 d’eau seront puisés chaque jour à huit mètres de profondeur et diffusés sous forme de goutte-à-goutte la nuit sur un hectare de cultures. Cette station de pompage aurait la capacité d’alimenter en eau potable un village de 600 habitants. «Le moteur pourrait être beaucoup plus puissant, mais il faut démarrer petit», assure Nadège Payet-Tisset. Des jardins partagés, au sud de la France, sont également intéressés pour leur irrigation. Les applications sont variées: ventilation d’habitations ou de semences, production de froid pour la conservation de vaccins ou médicaments, aéronautique, oxygénation de bassins de pisciculture, etc.
Financée sur les fonds propres de son fondateur avec l’aide de la région Normandie et la Banque publique d’investissement (40.000 euros chacune), hébergée par l’incubateur Seinari de Rouen, Saurea a déjà reçu plusieurs distinctions: prix coup de cœur du pôle innovation de BNP Paribas, trophée Espoir de l’innovation du concours «Y’a d’l’idée en Normandie»…
Saurea a reçu 400 demandes d’information ou de partenariat du monde entier et suscite l’engouement. Mais la start-up, en phase de levée de fonds, recherche surtout des investisseurs et des partenaires industriels pour accompagner son développement.