POURQUOI LE TRI DECHETS N EST PAS SI ECOLOGIQUE

Et si le tri sélectif ne servait à rien…

Tous les dechets recyclables ne sont pas acceptes par les centres de tri (C) SIPA
Tous les déchets recyclables ne sont pas acceptés par les centres de tri © SIPA

Vous triez vos déchets. Vous lavez les bocaux de confiture, vous écrasez les briques de lait et enlevez un à un les bouchons de vos bouteilles de jus de fruits vides. Ceux en plastique, vous les ôtez et les mettez dans votre poubelle à pois dédiée aux déchets non recyclables. Le tri fini, vous descendez avec tous vos sacs dans le local à ordures, où vous vous concentrez pour les semer dans le bon bac : le jaune, le vert ou le blanc… Bravo, c’est votre contribution pour « sauver la planète ». Mais vous faites peut-être ça pour rien. En 2007, 6,4 millions de tonnes de déchets recyclables ont en fait été incinérés ou enfouis. Sur les 561 kilos de déchets générés chaque année par chaque Français, seul un tiers est finalement recyclé. Pour les emballages, 60 % du gisement est officiellement recyclé. En fait, 42 %, selon une expertise livrée en avril 2009 aux ministères de l’Économie, de l’Écologie et de l’Intérieur. Pourquoi un tel écart ? Le gisement serait sous-estimé et les produits recyclés, eux, surestimés. Depuis, l’État n’a pas corrigé ce mode de calcul alors que le Grenelle de l’environnement prévoit un taux de recyclage de 75 % pour 2012.

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Les raisons de cette contre-performance ? Il existe 300 consignes de tri différentes ! Ici, on jette le papier dans un bac bleu, là-bas, on opte pour le jaune. L’harmonisation des règles n’est pas prévue avant 2015. En attendant, un quart des déchets collectés de « manière sélective » est refusé par les zones de tri. Certains exploitants sont intransigeants : si un particulier jette le mauvais déchet dans le mauvais bac, toute la benne part à la décharge ! D’autres écartent l’objet du délit et expédient le reste en usines de recyclage. La nature même du déchet « impur » au recyclage est sujette à interprétations. Un journal taché de thé ? Recyclable pour les uns, perdu pour les autres. En fait, tout dépend beaucoup de la modernité des installations, le tri peut être manuel ou infrarouge. Résultat : même nos centres les plus high-tech ne traitent pas les barquettes de fraises ou les pots de yaourts. « Cela coûte moins d’incinérer certains plastiques que de les recycler, s’agace Philippe Chalmin, professeur d’économie à Paris-Dauphine. Parfois, à vouloir trop en faire, on se retrouve dans des situations un peu absurdes, comme d’exporter nos déchets vers la Chine pour les recycler… »

L’exemple allemand

Et puis toutes les villes ne jouent pas le jeu. Fin 2009, dans plusieurs cités de l’agglomération marseillaise, tous les déchets ménagers étaient envoyés sans discernement à la décharge. La communauté urbaine avait délégué la collecte et le tri à une entreprise qui n’en avait pas les moyens techniques. Un dysfonctionnement révélateur de l’usine à gaz.

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Sur le papier, tout est contrôlé. Des « éco-organismes » chapeautent la filière. Ces PME à but non lucratif perçoivent des contributions des industriels qu’elles reversent aux collectivités locales. Celles-ci peuvent soit charger une société privée de la collecte sélective soit le faire elles-mêmes. Mais là encore, à chacun sa règle. À l’instar de Besançon, trente collectivités lèvent une redevance incitative sur le principe « pollueur-payeur ». Plus le contribuable produit de déchets, plus sa taxe est élevée. Un impôt qui sera généralisé d’ici 2014. Un effort financier destiné à décrocher les lauriers de champion d’Europe que lorgne le ministère de l’Écologie…

En attendant, la France fait pâle figure face au tenant du titre, l’Allemagne, qui recycle plus de la moitié de ses déchets. Maniaques du tri, nos voisins pratiquent la segmentation massive avec jusque six poubelles dans leur cuisine ! Outre-Rhin, la collecte par porte-à-porte est également très répandue. Dans l’Hexagone, les communes les plus performantes sont celles qui ont opté pour ce système. Les zones rurales en sont adeptes. Jusqu’à produire du compost avec leurs déchets. Le must écologique !

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